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Six membres d’un réseau de drogue marseillais devant les assises pour avoir réduit deux mineurs en esclavage

Avec la drogue qu’ils remettaient à leurs clients lors des transactions, les deux jeunes dealers glissaient un SOS, un petit billet griffonné : « Bonjour, on est séquestré par le réseau. SVP appelle la police. Il nous oblige à vendre gratuit et nous tabasse avec des barres. SVP on a besoin d’aide (on a 15 ans). » En dépit de ces discrets appels au secours, ce n’est pas un consommateur qui les a sortis des griffes du réseau de Frais-Vallon, mais les marins-pompiers, après qu’ils avaient sauté du deuxième étage d’une tour pour échapper à leurs geôliers.
La cour d’assises des Bouches-du-Rhône juge, à partir de lundi 25 novembre, six jeunes Marseillais pour la séquestration et les violences infligées durant plusieurs jours à deux adolescents de 16 ans, enrôlés de force pour vendre la drogue. Trois des accusés – ils sont tous âgés d’une vingtaine d’années – répondent également de viol sur l’une des deux victimes.
Tous les deux fugueurs, Younes et Kevin – les prénoms ont été modifiés – se présentent le 21 janvier 2022 à Frais-Vallon, une cité des quartiers nord de Marseille, pour vendre des stupéfiants. Un membre du réseau leur fait miroiter une rémunération de 100 euros par jour et un hébergement dans « un hôtel avec jacuzzi ». En fin de vacation, le ton change brutalement, les deux adolescents sont accusés d’un trou de 500 euros dans la comptabilité, les premiers coups pleuvent sur le point de deal, au pied de la « tour rouge ». Dans un local où ils sont conduits, « de trois, ils sont passés à une bonne dizaine et ils se sont joués de nous », a raconté Younes. « On pissait le sang », a rapporté Kevin, contraint de se mettre tout nu et de danser face à des téléphones qui le filment à destination des réseaux sociaux.
Un renseignement anonyme adressé à la police indiquait que les deux jeunes garçons avaient été contraints de pratiquer des fellations l’un à l’autre, ce qu’ils ont contesté. « Je serais allé me venger si ça avait été ça. Là, j’ai même pas envie de me venger. Les coups, ça part. C’est nous qui avons fait les cons d’aller travailler dans leur quartier », a expliqué Younes. L’adolescent ne répondra plus à aucune convocation des enquêteurs ou de la juge d’instruction. Il n’avait pas regardé ses tortionnaires dans les yeux pour ne pas être en mesure de les identifier. Un an après les faits, le père de Younes demandait le retrait de la plainte de son fils « par peur d’être retrouvé et agressé de nouveau ».
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